Allégorie du Jardin de L’Âme (4)

-Le Marché-

Au tout début, il n’est aucun Jardin visible, excepté en l’imagination. Ne confonds surtout pas l’Imaginal et l’imaginaire. L’Un relève des correspondances jaillissantes depuis les mondes du pur intelligible et l’autre relève des appréhensions occultes du rêve. Le rêve est un parcours de croyances, d’émotions, d’adhésion, d’identification, et de cultes qui ne disent pas toujours leurs noms. Quelque chose qui se cherche en cette tension, parfois qui dérive en la plus grande des ignorances. Un jour, au Jardin de La Vision, je fus entraînée dans les hauteurs d’un grand marché. Toutes sortes de négociants, les uns plus insolites que les autres, faisaient étalage de leurs marchandises. En ce monde-ci, un tel endroit n’existe pas. Du moins, n’est-il apparent que pour les plus minutieux observateurs. Néanmoins, j’émets une grande réserve quant à cette possibilité d’y accéder simplement. De fait, c’est justement la simplicité qui est devenue inaccessible au regard du commun. Un ami de longue date m’accompagnait. Il s’agissait d’un pèlerin. Il me tenait par le bras et me fit gravir un chemin assez pentu, jusqu’à ce que nous parvînmes à cette immense rue où se dressaient les étalages, tout du long. Je regardais avec un ébahissement à peine dissimulé tous ces marchands. Chaque fois, je prenais le temps de m’arrêter, et chaque négociant m’offrait une explication exhaustive de ses produits. J’écoutais attentivement ce qu’ils souhaitaient me transmettre. Ils étaient plein de sollicitude. Ils n’hésitaient pas à me redire les choses que je ne comprenais pas. Il faut savoir qu’en cet endroit, il est d’usage de faire don de son savoir. Ces marchands n’avaient aucunement le désir de négocier, chose assez singulière pour des marchands. Ces gens ne vendaient rien. Dès lors que nous entrons en leur monde, ils savent qui nous sommes et de fait, ils nous donnent exactement ce qu’il nous faut. Je leur demandais : dois-je vous donner quelque chose en échange ? Ils me répondaient avec un sourire convenu, l’air énigmatique : non, c’est à notre tour de te donner. Le pèlerin qui me compagnait connaissait assurément ce lieu et me dit : viens, je dois t’emmener voir quelqu’un en particulier.

(A suivre…)

© Océan sans rivage, Allégorie du Jardin de L’Âme

 

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