Le Souffle Vital

Le souvenir pourrait bien être un oubli, tout comme l’oubli pourrait bien être un souvenir. Mais trop de composition tue le naturel, nous dit un homme rencontré sur le chemin. Il faut du temps pour que la décomposition devienne Floraison. L’âme s’emploie à tremper dans les eaux tumultueuses, la douceur de l’être. Amour ! L’âme plonge dans les arcanes profondes et ne donne plus de nom ; il n’est plus aucun Nom au centre qui voit en cercle l’horizon ; Zénith tremblant d’une verticale effacée et le souvenir bascule en l’oubli, et l’oubli devient souvenir. L’émotion est au comble de sa suspension, le toucher fin d’une grâce, le cœur retenu en une apnée. C’est là que je Te trouve. C’est là que frémit l’infroissable, effet imperceptible du Visiteur. C’est là que l’on marche sur la pointe des pieds, Ô sol léger, léger, si léger. Avant le tourbillon des mots, les lettres tel un cyclone. Le corps devient les mots, les mots deviennent le corps. Les images s’amoncellent pour s’aplatir, tandis que ces images nous apprennent le regard de L’Unité.

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Le Souffle Vital

Le « je » n’avait pas de déclinaison. Le monde était uni dans son plus grand ébahissement. Nous ne fuyions pas à ce moment, puisque tout était en sa nature primordiale. Les mots ont une grande importance en ce qu’ils révèlent. Les mots étaient images, et les images étaient des mots. Comme pouvait-il y avoir de séparation ? La vie était les mots et les mots étaient la vie. Le palpable rejoignait l’impalpable et l’impalpable rejoignait le palpable. Le corps était langage et s’inscrivait dans le langage, tandis que le corps était l’image et l’image était le symbole. Le Récit était l’image et l’image était le Langage. Le Langage était Essence et L’Essence était L’Origine. Le Corps devenait L’Origine et L’Origine devenait Lecture. Les uns s’entremêlaient aux autres et les autres fusionnaient avec les uns. Le Souffle était mouvement et Le Mouvement était L’Apnée. A l’intérieur était La Pulpe et à l’intérieur de La Pulpe était La Vision. En La Vision de L’Intériorité était La Vision du Retournement et à l’Intérieur était l’Extérieur et L’Extérieur était L’Intérieur. Le Ciel était en bas et La Terre était au Ciel. Les Pôles s’étaient inversés et La Vision s’ouvrait au Regard. Il fut un temps de Chaos, mais le Chaos était un Magma. Du Magma jaillissaient les mots et des mots jaillissaient le sens. Quand La Question se formulait le détachement était puissant.

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Le Souffle Vital

Magnétisme par Ahmed-Mater / Gracieuseté du Rijksmuseum Volkenkunde

Le Point

Ont vrombi les impétueuses répétitions mantriques et le cœur s’est délesté de toutes les manifestations pour résonner en parfaite concomitance avec le tréfond du Noyau. L’Océan se soulève en sept puissantes vérités et chacune formule une Sagesse incommensurable qui prend son élan au-dessus des limbes puis se repose dans les sphères intermédiaires, nécessaires sagesses de la Sagesse, exprimées en vibrations. Chaque océan représente un miroir, et chaque miroir représente une vacation, celle-ci embrasant les mondes sublimes où s’entrechoquent les beautés de l’ensemble des coeurs. Chaque coeur ruisselle d’une ouverture qui mène à l’effusion des profondeurs, celles du Centre de tous les miroirs et c’est là qu’apparaissent Les Demeures de L’Âme. Quand le pont architecturé s’élance en sept Tours, il est une Arche qui recèle les verbes mantriques de l’ensemble des reflets du miroir des miroirs, et chaque miroir se présente en La Préséance d’une Présence qui s’épanche des verbes lumineux de L’Origine, ainsi que des verbes lumineux des pouvoirs de Vie qui se nomme Elle-même à Son Tour pour venir se jeter en une éloquence d’Amour au Sein de La Demeure secrète, celle des pulsations de tous les cœurs. Le Souffle jaillit depuis les Eaux fluviales des Révérences et des Louanges. Entends ! dit Le Miroir-Roi qui se tourne vers Le Miroir-frère. Entends les réalités des coffres de notre Trésor. Chacun exprime un ordre et vient faire Echo en résonnance avec L’Ouïe de L’Origine. Le Son s’appelle et devient Sens. Celui qui vient des Niches réservées à La Réalité de toutes les Lumières, confondues, libérées dans L’Ethéré d’une Pulsation, Vocable vocalisé au Centre du Point de Réception. Dis-moi quel est le Point de Réception ? Là où nul n’a accès. Il s’étend sur des milliards d’univers et ils s’élève sur des hauteurs indéfinissables, mais nous pouvons dire, avec une sorte de certitude, que certains voyageurs ont estimé que vingt et une étapes avaient été dénombrées depuis ce Point.

Souffle Vital

L’Océan des confluents

Partout, il n’est que cet Océan sans mesure. Je n’ai pas compté, et ne désire aucunement compter. Tu es La Prunelle douce des confluents de deux mers et chaque fois, je n’ai pas su m’échapper tandis que je m’y baigne éternellement, car suis-je autre que cet Océan ? L’hiver nous visite, le printemps nous enveloppe, l’été nous enchante et l’automne est une danse. Chaque saison est une, la même au regard du Temps. L’hiver décline son Amour, Le printemps nous le rappelle, l’été s’émerveille et l’automne est ivre. Jour après jour, il n’est plus qu’un seul jour, et les secondes nous font le récit d’une ascension, mon Maître, T’en souviens-Tu ? Nous marchions ensemble, Tu te tenais droit, tandis que nous arrivions au sommet. Tu me fis entrer dans le sein étonnant du Temps et j’y plongeai perplexe car je touchais de nos mains réunies la coupe d’un Océan sans rivage et je buvais l’instant qui lui-même buvait en moi. Nous étions l’océan simultanément et je plongeais dans l’incessant Secret de nos mots. Nos bouches mêlées à nos ivresses, dans L’Alcôve ultime de nos confidences. J’avais lancé en riant : je n’abandonnerai jamais ! J’irai encore plus loin qu’Alexandre le Grand. Je n’aurais guère peur d’aucune ténèbre. Quel défi ! J’en ris encore ! Nos Océans s’emmêlant dans le tourbillon de nos vagues. J’inscris mes mots dans notre Océan trempé d’illimitation. Je lance mille flèches avec la fougue des fous au fond de mon abîme et je repousse chaque limite comme l’impossibilité de toute limite. Tel est le Souffle de mon Amour. Tel est L’Océan de mon périple.

Le Souffle Vital

L’Oiseau de Grâce

Une puissance infinie pour une impuissance finie.

La Paix est en La Paix, mais La Connaissance est une Délivrance, parce que L’Être est né. Il est ce qu’Il a désiré et Le Prodige vient de La Contemplation. La Paix humaine et universelle ne peut advenir sans qu’Elle ne cherche à envelopper tous les enfants en Sa Chaleur. Elle cherche les autres, et ainsi ils deviennent tous le munificent Berceau. L’esprit soliloque. Il est L’Interrogé. Il suinte de Sa Perplexité complexe et multidimensionnelle, d’une Sapience sans mesure. Il s’écartèle dans L’Expansion, puis Il cherche à rassembler tous les êtres. Telle est La Conscience du Pérégrinant. Il avance sans désir d’avancer, et s’accorde sans désir de s’accorder. Il est L’Absence de Bruit, et Il est Silence vibrant. Le paradoxe unifié en permanence est Le Chemin de L’Être qui n’entre jamais en contradiction. Ne le voyez surtout pas autrement. Il est La Tempête dans L’Océan, mais il est en Son Alcôve, l’Irréductible Eau immobile et limpide, en Sa Quintessence substantisée, unifiée en simultanéité, et qui n’obéit plus aux lois de ce monde, puisqu’Elle est L’Esprit devenu Oiseau qui voyage émerveillé par La Connaissance. Celle-ci prend des visages multiples, mais n’est jamais un masque. Tremblant Regard unifié au Visage de tous les Visages. Il découvre Les Lettres, et il est avant tout ivre de voler sur les bras de La Connaissance. Il suffit d’avoir agréé. Il suffit d’avoir accueilli, les bras épousant Ses Bras.

L'Amour est une force si violente,
Qui n'a laissé à l'illusion aucun recours,
Transmute le plomb en Or,
Abolit tous les obstacles,
Réduit toutes les paroles inutiles,
Rend vaines les polémiques,
Fait taire l'anarchie.
L'Amour est La Cuisson d'un Four,
N'y entre que Le Feu d'Amour,
N'y cuit que L'Amour,
N'y consent que L'Amour,
N'y renaît que L'Amour.
Et nul ne trompe jamais L'Amour.

Le Souffle Vital

Ghulam Reza Isma’ilzadeh, The Lady and Simurgh

Qui es-tu ?

Quelle conception pour quel monde ? Nous sommes dans l’unité expansive d’une Réalité-Temps qui a témoigné et chaque graine est un univers. Nous pourrions incessamment exprimer la Joie, car Celle-ci nous habite au-delà de notre propre volonté. Nous ne pouvons avancer au-delà de notre Êtreté. Celui qui voit, est à voir. Nous étions assis simplement dans la nuit et nous avons conversé. Il n’est pas facile d’entendre car La Vérité balaie d’un geste puissant nos édifices. La Vérité détruit le Bien et Le Mal. Elle, précisément objective, et qui coupe avec tous les prétendus circuits auxquels vous vous êtes attachés, avec d’ailleurs une opiniâtreté telle que vous fuyez. Cette fuite est la parfaite élaboration d’un conditionnement lié à différentes stratégies grégaires. Je sais que seule la Vérité peut accueillir La Vérité. Ne mentez pas ! Le mensonge rencontre tôt ou tard la réalité du Mensonge, sous la forme la plus ignominieuse qui soit. Ne dissimulez pas ! Ne vous appropriez rien ! Soyez même absents à votre propre ombre. De vous à vous, soyez celui qui devient Pudeur. A qui puis-je parler ? A qui puis-je me confier ? Quelle est donc cette virginité qui nous plonge dans les arcanes d’un monde confus et opaque ? Le savais-je ? Le connaissais-je ? Il jaillissait cette puissante clameur : Je désire ne plus rien savoir, ne plus rien connaître, abandonner tout le savoir, recommencer tout et partir de ZERO. SAFAR ! Dans la Nuit obscure, nous ne voyons pas La Lumière. La Nuit est véritablement obscure. Mais lors que vous devenez YEUX, vous Le voyez, parce que Ses YEUX sont La Réalité. Combien de fois me suis-je accrochée à la plongée comme si l’on m’y menait de force et que je ne puisse, pas même en pensée, y résister ? Quelle force prodigieuse qui vous tient ainsi fermement et Ô combien alors vous vénérez cette Force que vous savez pertinemment n’être pas vôtre, qui simultanément, déchire Les Cieux, qui secoue magistralement Les Terres et fait trembler tous les univers, qui déchaîne sans retenue les gigantesques vagues d’un océan ? Le Commencement est bien ce qui nous extrait de La Terre, nous fait sortir de La Nuit par un déchirement. La magie du règne végétal, L’Union alchimique avec Le Verbe, telles sont Les Epousailles que l’on nomme les Noces du Silence. La Voie d’Or, La Fleur Divine. Nous assistons au plus extraordinaire des Commencements, lors que ce Commencement est dans L’Acte d’Être, L’Eclosion, les Noces perpétuelles. Alors Le Calame est CHAIR. Il bouscule le connaissable et Les YEUX regardent. Le Corps entier entre dans QUI ES-TU ? Ce Corps devient : QUI ES-TU ?

Le Souffle Vital

Paul Albert Laurens (1870-1934)

Qui es-tu ?

L’effervescence est le prélude au bouillonnement des mots, la révélation de l’essence et de la substance, en l’Echo et si le Corps est Calame, il oublie totalement les peurs. Où s’est-il retrouvé ? Dans les vagues que les mots compénètrent en permanence. Essence ! Les mots sont reliés tels des mondes subsumés que ne conteste aucun Vivant. Le balbutiement est saccadé et n’offre pas la moindre Cordée. Où t’en vas-tu ? Je suis à ma place dit Le Verbe émané. J’Être en cette Remembrance et l’extériorisation est fidèle à l’intériorité. Je suis allée par deux fois rencontrer le monde, car la curiosité me fit avancer, sans retenue et lors que je sentais la corde m’arracher les flancs, je marchais en ce précipice et je distinguais l’apparence. Je devins YEUX. Ils semblèrent se détacher et s’unir à La Vision. J’accueillais avec franchise, ma loyauté envers mon frère. Parle-moi et dis-moi, lui dis-je avec les larmes. Es-tu Homme ? Nous conversâmes en silence. Mes yeux sont L’Accueil, vierges de toute projection. Comment se peut-il s’énoncer ? De quoi parles-tu ? Du Verbe émané. Par La Naissance. Sans doute faut-il être né dans un berceau spécifique. Nous avons considéré l’instant en sa virginité absolutoire. Avons-nous eu le choix ? Je reconnais volontiers que le choix ne procède pas de l’accumulation de données, mais plutôt d’une mort avérée. C’est de cette mort qu’est né Le Verbe Emané. Nous avons réellement collé nos pupilles, touché nos cils, senti leur chatoiement. Aucun de nos propos ne sont le fruit de l’imaginaire. Nous avions pour but d’accomplir L’Acte unitif de La Parole avec celui de L’Acte. Point de gestes calculés, mais la rencontre d’un Berceau dans lequel naquirent des jumeaux. Tout mon corps devenait YEUX. Exultante Vision ! Tout ce corps recevait L’Autre. Qui es-tu ? Es-tu véritablement un Homme ?

La Porte

Entends-tu le son revenir depuis tout ce Passé,
Quand les pas appuient fortement au Seuil d’une Porte ?
Entends-tu ce Temps ajusté à La Voix appelante ?
Entends-tu les vagues submerger Le Présent
De Présence actualisée aux vibrantes Lettres parlantes ?

Ciselure des Signes qui par sept ouvrent les sept Portes ouvrantes,
Quand des morcellements naissent les profanes confusions,
Comme une suite au logarithme d’une justesse évidente,
L’Univers est La Géométrie précise d’une Parole immanente,
Dont le mouvant Calame dresse avec régularité,
L’Épousailles du Ciel et de La Terre,
Quand se précisent Les Verbes élogieux.
Ainsi sont déclinés en Temps et en Lieu,
La goutte perlée et le miroir suave de l’âme.

Tantôt, la Porte s’occulte,
Et tantôt n’apparaît-elle pas semblable à l’invincible Bouclier ?
Depuis les tréfonds du Désir, envolées du Retour,
Les mains modèlent le Corps.
Telles sont les épiphanies de toutes Lettres unitives,
Telles sont les modulables sons de La Lyre.
Lors que Le Corps réunit les gestes entiers,
A La Lecture de La Lecture,
Verbe Sacré en toutes éclatantes Verbalités,
Au sein même du Désert
En Croix-Rosées
Toutes idoles abolies
L’illusion maculée résorbée,
Telle est La fulgurante Epopée.
Ah ! Comme L’Unité embrase !
Le Soleil ici ne saurait décliner
Puisque Le Désert absout l’incessante déviance
Ici règne La Rectitude Sacrée.

Dans la nuit profonde, il vogue silence au silence,
Chaque veine représente une issue,
Quand la seconde a cette accoutumance,
De désigner une autre Langue
Celle qui est parlé au Parler Transposé.
Au-dessus de l’inertie,
L’Être est né.

De cellules embryonnaires, les soleils ont dansé,
Chaque seconde qui perlent éternellement,
Sur les Dunes, le vent a chanté.
Sept Cieux et sept Terres,
Sept circumambulations autour de La Maison-Mère,
Depuis Que Le Prophète-Père se laisse appeler au milieu des étoiles,
Depuis que La Lune et Le Soleil interpellent Son Âme,
Le bouillonnant Fleuve Mémoriel,
Sanctifie la naissance de L’Esprit,
Dans les décombres d’une ruine temporelle,
Le Monde Réel s’épanche au-delà du Miroir,
C’est L’Âme qui renoue avec Son Histoire.

Le Souffle Vital (AR-RÛH)

Souffle, mieux que le vent,
D’unique passion,
Inspir mieux que l’incident halètement,
Par l’évocation d’un Corps démantelé,
Respir mieux que le râle agonisant,
Au centre du Royaume de L’Âme.

Langueur d’un cercle concentrique,
En spirale évasée,
Volute de l’indigent,
L’âme a couru les bras levés,
Du Mont Safa,
Rejoignant l’autre Versant,
Eplorée de singulière singularité,
Sept fois sur le grain semé,
Des Oraisons d’un abreuvement.

Sanglot d’un parchemin,
Quand Le Calame suinte,
Les Roses sont nos Rosaires,
Le chapelet, le collier disséminé,
Dans l’infinité des Terres,
Sanglotent d’écorchures les écorchées,
La Route unifie les larmes,
Et chaque perle est un Récit approprié,
Où se rassemble une noble Assemblée.
L’Univers entier nous revient.

J’ai déposé chaque grain,
Au Nombre numéraire des Sources,
Et La Fontaine a surgi,
D’entre les limbes phosphorescentes,
Quand depuis le lac de l’obscurité,
Le Calame a trempé.
Les voiles transparents bruissent légèrement.
Tel est Le Cantique :
Blancheur lactée des étoiles qu’imbibe le Regard
La ligne rejoint l’inabouti horizon,
Puis se forme La Terre de Nacre,
Semblable Rocher d’où s’élève un noble fiacre,
Dont la portée varie selon le Temps,
Parfois le temps d’un murmure,
Parfois le temps d’une constellation,
Au-dessus de chaque sphère,
Le Temps plie L’Espace également.