Warda

Éclose en vase éclos,
Du jaillissement de glaise,
Partout et au-delà des mots,
Comme trempées de braise,
Quand de grenade vermeille,
Sur les temps pliés au son d’un Glaive,
Les larmes sont moins que des oripeaux,
Car d’une argile rouge,
S’échappe la force d’un Renouveau.
Partout les cœurs s’embrasent,
Puis fusionnent dans la flamme des mots.
Mais éclos de Ton Essence,
Le Vase devient Louanges,
Serti de pierres angulaires,
Et telles des réminiscences,
Quand L’Âme appelle La Présence,
S’élance L’Arbre des Secrets.
Cette nuit, je vis cette pleine Réalité
Et bientôt, j’en parlerai, telle L’Évidence,
Lors que je sais que tu écoutes :
Plus qu’un corps, au-delà des limites,
Dans les confins du Souvenir,
J’ai chanté, j’ai chanté.
Louange à L’Invisible !
Vois L’Âme qui se retrouve
Hébétée, Hébétée !

Le grain choisit où se reposer, dans les ténèbres de la Terre, dans la chaleur du ventre de La Mère. L’Haleine suprême anime La Présence, tandis que nourri de confiance, le grain s’amollit et perd de sa résistance. La main du Jardinier est main de bienveillance, compassion et Transpir sans retenue. Le Soleil a fait une promesse, et le feu du Retour est un chemin sûr. Warda, Bien-Aimée, Ta Cordée est lancée, et la main l’a trouvée.

 

Amor et Sapientia

Embarcation flottante entre Ciel et Terre,
Quelle est la fleur horizon du doux Mystère,
Miroir glacé de quelques plissements ?
Entre savoir et Sagesse, j’écris ta bouche au firmament,
Quand d’un simple renversement,
Le Ciel est l’eau qui pourfend l’Invisible.
Depuis ce simple propos destiné aux âmes sensibles,
J’évoque ce qui n’a ni lieu ni commencement.
Sans doute est-ce la Semence d’un lointain îlot,
Perçue à l’instar des flots qui brûlent de Sapience ?
Jamais la vie ne désespère de la vie et pourtant,
Je vis, à mon insu, comme une Rose sortie des eaux,
Elle flottait à mon regard telle une simple chose,
Qui vient d’une appellation étrange et pourtant,
Suscitée par les pas en prose, je bus à son cœur au repos.
C’est là que je compris, sans m’étonner de la métamorphose,
Que notre âme souriante avait fui toutes les tourmentes.
La voici de nouveau partante, pour un voyage à l’infini,
Quand aux rives du Destin, le corps dépose ces vains propos.
Sagesse, quand Tu nous viens, Tu ruines et indisposes,
Mais comme farouche à tout emprisonnement,
Tu fais jaillir la suprême Conscience.
Là-bas, j’irai cueillir les semences du doux trépas,
Et qu’importe toutes les dérives, car la joie ne vient certes pas de moi.
Elle court sur les eaux-vives, nos cascades d’autrefois.
Mais que vaut la sagesse si l’Amour n’est pas son enclos ?

Ne considérez pas L’Amour comme un privilège réservé aux hommes. Il est sans doute une Source d’où coulent tous nos propos, et comment voulez-vous inventer telle chose, qui au profond de nos entrailles appelle et déchire certains voiles ? Sans Amour, il n’est aucune Sagesse, mais sans Sagesse, est-il un seul Amour ? Osez vous poser la question. Osez boire le Ciel et la Terre, et dites-moi ce qui vous a été révélé ? Laissez parler votre âme ou bien taisez-vous à jamais !

Ève ou le Rêve

Peinture de Federico Cervelli (Milan 1625 – avant 1700)

Ai-je bu aux larmes d’une ombre
Son corps éthérisé d’amour,
A ces vivaces tremblantes larmes
Que des voix irréelles avaient ensorcelée ?
C’est en couvrant de mousse que ses larmes ont fructifiées,
Et le vent fit une secousse qui devint l’éternelle vérité.
Ai-je compagné le chant d’une chevelure éperdue,
Dans les branches du rêve qui l’avait révélée ?
Ai-je tendu la main à l’âme esseulée ?
Qu’as-tu donc à pleurer les vagues nues,
Quand le ciel rejoint la grâce de tes pas mesurés
Où vas-Tu, Ô Beauté, Merveille éplorée ?
Ai-je entendu la voix de cette Épousée ?
Dans les limbes, comme elle se lamentait !
Ai-je saisi chaque rosée de son cœur emprisonné ?
Ai-je goûté, effusif à la laitance de sa douleur,
Quand prise de sanglots, je L’ai consolée ?
Las ! le séjour de la peine conjugue ses écorchures.
Mais de complainte, les affres changent de nature.
Que se passa-t-il ? La belle s’éveilla du long rêve.
L’exploit du Temps est vénérable Patience,
Tandis que les blessures attisent tout noble désir :
L’enfer n’est plus l’enfer, puisque je vis La Présence,
Celle qui agite tant les ténèbres et les font s’évanouir,
C’est Elle qui devient Le Jardin de notre Noble Ève.

Il n’est d’enfer qu’en L’Absence de L’Absence, mais la Présence en L’Absence n’est plus Absence. Tel est l’embryon crépusculaire ; tel est le cœur langoureux, mais du Rêve nous serons deux, du rêve nous serons deux, puisque de L’Essence au goût de sève, L’Adam est gémellité des contraires qui ne jamais s’opposent mais se ravissent L’Un en L’Autre. J’ai compté, pour ne plus distinguer, mais de Mon Amour de Ton Amour, il n’est qu’Un. Quand l’un regarde au Sud, l’autre pointe vers le Nord. Mais quand l’un s’oriente vers L’Est, l’autre s’oriente vers L’Ouest. D’une Cartographie sûre, Les étoiles sont nos parchemins.

 

Genèse poétique

Réverbérations insolites,
Laisse monter mon cœur !
Aux singulières sentences,
Quand l’âme est à s’élever,
Le siècle se tord de douleur,
Comme estampillé de ferveur,
At-Tayr طائِر  suit l’horizon,
Subrepticement en singularité,
Nacre opulente de Proximité
Ne surprend ni fièvre ni torpeur.
Un jour s’évade des seuils essaimés,
Mais le labyrinthe n’est pas un piège,
Encore faut-il pouvoir le comprendre.
Le damier et les notes indifférentes
Voient la corruption ornementer,
Les nombres qui règnent insubstanciés.
Aujourd’hui, ne te plains pas de ton sort,
Cette pièce, je l’ai trouvée quand tu dormais ;
A ces secrets le Poète s’adonne tout entier,
Depuis la plume des insensés,
Rimbaud et Mallarmé,
A boire en filigrane Le Mystère,
J’avais neuf ans et je t’en sais gré.

L’Echo avait cet âge, le rêve éveillé, et l’on vint te chercher pour t’y plonger. Aucun de ces mots ne sont une composition, mais diffusion et en cette architecture, plume incisive du regard, émerveillé, le Silence est L’Onde, Arborescence, quand le Poète frémit par la muse amusée, Le Poète vibre au Son de La Lyre, et Elle de s’exprimer en chaque résonance, Elle de donner le Viatique et ouvrir à TAYR, طائِر Envol des Lettres éthériques, lettre de La Guidée.

Cosmologie proche

Indéfectible, si proche,
Quand des années lumières,
Parlent aux vents spacieux,
Les synonymies d’une planète et des cieux,
J’en ressens le frémissement bienheureux.
Alors, il est une singulière nouvelle
Qui me dit : si petit,
L’invisible est le plus apparent.
Je consens à voir le firmament
Déployer ces étranges ailes,
Son Parfum d’étoiles épanché,
L’année semblable à une poussière,
L’horizon, l’intrépide commencement.
Puisque L’Echo a cette réverbération,
Autant laisser le cosmos nous y inviter,
Autant épouser alors Son Silence,
S’abandonner à Sa douce résonance.
Tu dis ces choses, les ai-je préméditées ?
Ô ourlets des feuillets,
Devenus vagues qui ont tout écumé !
Mais surgit Le Sens,
Et l’on reste émerveillé :
Tant de Proximité,
En ce Plérôme scintillant !
Si j’ai levé la main vers Le Ciel
Mon cœur, Toi, Tu l’as emporté.

Le temps fut à nous conter les similitudes entre l’infime et l’infini. Chaque étoile, chaque planète, chaque galaxie, chaque nébuleuse, et chaque distance, sont en réalité les points d’ancrage et les phrases d’une analogie avec le monde d’ici et l’au-delà. La résonance fut telle que je m’évanouis dans cet infiniment petit, si minuscule et si grand tout à la fois. Nulle appréhension si ce n’est par Lui-même. Je vis les groupes, les parallèles et même les rassemblements. Chaque similitude, chaque différence est l’infime monde né du Souffle et chacun est une réalité mouvante. Nous sommes, en ces simultanéités, les mondes et les sens de chaque réalité manifestée. Comment donnes-Tu autant de Signes qui ne sont pas encore compris ? Grâce et libéralité !

Bouton d’or

S’il venait au sommet,
Quelques mélanges,
Le cœur y serait depuis toujours,
Et c’est un bouton d’or,
Qu’intimident les corps,
Des douceurs, sans frénésie,
Plus encore,
Dans le bleu d’une nuit,
L’étoile dissidente,
Et c’est un bouton d’or,
Qui s’épanche,
Du bourdonnement, quand depuis l’heure
S’approche un devin, ou bien ?
Il murmure ce trésor,
Que cherche le sage,
Dans la nuit profonde,
Essaimée de Ta constance,
La vie fait irradiance,
Quand L’Aube s’efface,
La fin n’est qu’un basculement,
D’incessantes Reliances.

Comme est précieuse notre Amitié, qui se décline en chaque présence, des beautés de notre chemin, et c’est sans doute à l’inconfort, que l’on mesure les stabilités du cœur. Nous aimons d’avoir toujours aimé, s’invitant à notre réalité, fils de la postérité, effaçant les mots, puis au Verbe, les conjuguer. Nous avons cultivé le champ de l’abondance, et l’élargissement d’une Coupe qui garde au Silence, le Secret. Quand même nous parlerions, les yeux ont rejoint L’Autre Monde.

Les Roses

Distraite du monde entier,
Cordelier, ceinture de notre cordée,
Je ne vois que Toi,
Dans les crépuscules d’un monde nouveau,
Le regard en Ton Azuré.
C’est un cœur qui danse,
L’Éternité qui joue avec La Voix,
Lyre que l’on boit sans hésiter,
En gorgée de L’Êtreté.
Qui est-il, cet univers né de notre Rencontre,
Lors que savamment, Tu tisses avec ce qui est relié,
Les fuseaux de Lumière qui nous ont confié,
La Silence et Le Voyage des occultés ?
Dans l’ambre des muscs et du cœur,
Oeuvre blanche de notre Amour,
Qu’importe que soufflent les vents éparpillés,
Il est un Zéphyr suave qui nous abreuve,
Des mots de L’Essence,
Le Beau des flux de Ta Constance,
Le Printemps a chanté,
Dans les roses de Ton Baiser.

Le Cœur se contracte et depuis La Fleur éclose, en bourgeon de myriades, La Citadelle où vint s’épancher une douce tourterelle, quand du second, au rythme et au diapason, l’Un diffuse son oraison. As-tu reconnu L’Arbre argenté qui se tenant droit t’a conté les chiffres en partition ? Les notes douces et affectueuses ont posé les notes sur chaque branche. Il s’est mis à se balancer, et les nombres ont évoqué le Voyage. Ils étaient six sur l’Arbre, puis tu as dit : le septième s’impose et le voilà à se poser. Puis, l’infinitude est une boucle en spirale, le huitième est arrivé sans tarder. Quand en ton secret, tu as mandé le neuvième qui est la parfaite complétude, alors, lui de se manifester en un tire-d’aile puis a rejoint ses compagnons. Versification d’une partition qui ne s’est point achevé et chaque note, tu as noté.

L’Appel de nuit

Montserrat GudiolPeinture de Montserrat Gudiol

Avais-je crains de me noyer en Toi,
Lors que je me noyais en moi ?
Avais-je crains de Te rejoindre en Toi
Lors que Ton Parfum était en moi ?
Qu’ai-je vu que je ne pus vivre,
Sans que mon âme ivre,
D’une Puissance venant de Toi,
Fut enfin à me ravir.
Qu’ai-je donc pressenti en ce Respir,
Venant s’abîmer en mon Expir,
S’y mêler de Toi en Toi ?
Quelle est donc cette Vérité-là ?
Au Silence de Ton Intensité
Est-ce Toi qui donc agis en moi ?
Ô Souffle ! Je ne puis T’échapper.
Je n’osais enfreindre les limites,
Mais toutes les limites sont encore Ton Infinitude,
Lors que je suspends mon souffle,
Le Voici à se confondre en Toi,
Qu’as-Tu fais de moi ?

Qu’es-tu donc à comprendre ? Se défaire de toutes formes, entrer en L’Essence d’une Conscience. Mes nuits, mes nuits, vêtures de mes prières, jointure de mes offrandes, l’océan est à parler. Je compris l’inversion, la vision qui n’outrepasse aucune inobservance et je compris l’effet de La Contrition dans les soubresauts de L’Amour qui naît de Toi en moi et m’appelle depuis L’Appel, Ô appelle-moi, que je réponde à Ton Appel, Amour ! Se laisser sans forme, sans discontinuité, s’en aller…Ton Souffle, notre proximité.

Les réalités de L’Aube

Illustration de Kinuko Y. Craft

Le breuvage mystique est une douleur,
Qu’un enfantement délivre à L’Aube de toutes les Aubes.
C’est là, que Le Roi jette sur le monde
Le ploiement du Cœur et les douces rosées de la liturgie abondent.
L’incendie est au lexique une Nuit obscure :
Douze stations qui se révèlent au grand jour,
Qui font de toi Son obligé, les sentences rapprochées,
Car, de ta chute, mille fois tu te repens ;
L’Amour n’a pas de limites, mais possède ses propres ruses,
Et en L’Âme distraite, le secret n’est pas révélé ;
Alors, L’Amour culmine pour être en Ton Ultime.
Puisse notre regard obéir aux injonctions subtiles !
Cesse de batailler ! nous conseille L’Ange,
Ainsi, se pose toute vaillance présumée.
Le déluge a commencé et emporte le mélange,
Parce que L’Amour est né en L’Amour,
Et à Lui, il se veut retourner.

L’Amour est un Bourgeon de Roses subtiles, parfumées d’Essence de L’Origine. En Lui est l’élan mystique qu’une boisson, au fleuve de L’Êtreté, rappelle en mille substances et dévoile les éclosions de La Roseraie intouchée. Un oiseau, celui que l’on nomme Vigilance vient parer ton corps de l’acuité. Mille autres oiseaux ainsi tiennent un discours et il faut prendre le temps de les écouter. Chacun est une Source et à leur bec, elle s’écoule telle une Rosée. On nous a dit que le Roi vient un peu avant L’Aube. Sur la branche nuptiale, nous annonçons Son Arrivée, l’un d’entre-eux nous a confié.

L’infinitude vague

Il viendra sur les ombres jeter la lumière,
Comme au lever des sucs de toute sève.
Il viendra aplanir les montagnes,
Puis transfigurera les peines en trêve,
Incommensurables aspérités du rêve.
Quand la voix pourfendra les ténèbres,
L’Âme allégée des poids de l’ignorance,
Se vêtira des nouvelles semences.
Il viendra comme un souffle imperceptible,
Arrachera les dérives et les négligences,
Le Ciel se lavera au Son de sa vibrante Arche.
Il viendra dans les cœurs endoloris,
Jeter un nouveau trouble puis les sauvera,
Dans les approches que saisissent les secondes,
Aux confins des doutes, par-delà les nuits.
J’ai entendu L’Appel, il est notre réponse.
J’ai entendu Le Silence, libre du mensonge,
Alertant nos corps dans les lacs de notre être,
Puis, j’ai vu les astres courir avec leur chevelure.
Jamais je n’oublierai ces vagues en ces mondes
Jamais je n’oublierai le néant du doute qui rugit,
Dans les tempêtes au vent des écorchures,
Jamais je n’oublierai La Parole surgit du Chaos,
Ni ne sombrerai dans le doute des brumes,
Jamais je ne fuirai l’implacabilité de Ton Discours,
Me noierai plutôt dans l’infinitude de Ton Amour.

Entends le bruit sourd au fracas des constellations, quand L’Aube déchiquette l’aberration, et entends la furie des vagues qui aspergent le firmament, puis entends donc le vol d’une mouette pourfendant les eaux, entends aussi son cri et le chant de ses ailes frémissantes au ciel de son aspiration. Aujourd’hui, plus rien ne nous retient si ce n’est le regard qui se lève sur les cimes de notre cœur ardent.