Œuvre

à Alice de Chambrier

Chère âme, sur la pointe des pieds, j’entre, invisible,
M’émeus de votre vie, du suc de votre voix,
Ces jaillissements cristallins, irrépressibles,
Les allées dressées par la lenteur de vos pas.

Chère âme, un instant avec vous, mon cœur ivre,
Des épanchements que le vôtre, pur, exprima,
Ravi de voyager en des lieux qui nous délivrent,
Des pesanteurs d’un monde aux mille trépas,

Je vais, chemin faisant, sur les caresses du temps,
Et ne méprise jamais l’essence de votre élan,
Puisqu’en Lui, la poésie vive ruisselle sans mesure,

Et sculpte savamment un monde de fines ciselures,
Un monde dont le cœur est une lumière infinie,
Juste suée d’une œuvre dont on n’a rien compris.

L’Ami Renard

Un clin d’œil à L’Ami

 

Illustration de Lisbeth Zwerger

L’as-tu rencontré, son doux regard des buissons,
Quand sa fourrure automnale allume cette clairière,
Que chante sa parure de féerie les doux mystères,
Que notre cœur s’arrête à l’affût de son frisson ?

L’as-tu serré tout contre toi et d’indolence,
Lui as-tu conté ces récits effeuillés de ruisseau,
Chercher les nervures éparses d’éloquences,
Ces menus tressautements qui rendent vains nos mots ?

Son cœur noble s’émeut des ardeurs de ton amour,
Quand, en silence, d’humeur plutôt animalière,
Te mène avec ferveur jusqu’à la pointe du jour.

L’as-tu vu, pupilles dilatées de lumière,
Versant ainsi sur l’ombre les paroles bénies,
Et t’invitant non loin de sa tanière chérie ?