Si L’Amour…

 Peinture de Freydoon Rassouli

Si L’Amour ne t’a pas mené à la folie,
Si L’Amour ne t’a pas guidé vers La Sagesse,
Si L’Amour ne t’a pas ébloui de Lumière,
Si L’Amour ne t’a pas mené à la langueur,
Si L’Amour ne t’a pas mené au rugissement du cœur,
Si l’Amour n’a pas défait tous les liens,
Si L’Amour ne t’a pas donné au déchirement,
Si L’Amour ne t’a pas donné à L’Intelligence,
Si L’Amour n’a pas asséché tes lèvres,
Si L’Amour ne t’a pas défait de toi-même,
Si L’Amour ne t’a pas mis ventre à terre,
Si L’Amour n’a pas charrié les limons de ton être,
Si L’Amour n’a pas fait de toi l’insensé,
Si L’Amour ne t’a pas fait cuire et recuire
Si L’Amour ne t’a pas donné à L’Hébétude du jour,
Si L’Amour ne t’a pas donné au supplice de la nuit,
Si L’Amour ne t’a pas mené vers les rives de L’Inconnu
Si L’Amour ne t’a pas donné à l’agonie des vagues,
Si L’Amour ne t’a pas donné à la poussière du chemin,
Si L’Amour ne t’a pas fait gémir des tumultes du vent,
Si L’Amour ne t’a pas fait goûter à L’Essence,
Si L’Amour ne t’a pas asservi de sa puissance,
Si L’Amour n’a pas déchaîné mille océans
Si L’Amour n’a pas fait de toi une épave,
Si L’Amour ne t’a pas rendu à la vie,
Dis, qu’en est-il de ton Amour, Oh ! dis ?

Daniel Gerhartz, He Wraps Himself in LightPeinture de Daniel Gerhartz

L’Amour répond en Décembre 2015 :

Émergeant des Eaux Profondes, en sa puissance englobante
Perle vierge et tremblante, tint ce discours enflammé:
L’Amour n’a que faire de la Raison, avec L’Amour, Tout est Entier
Celui qui aime, ne connait ni le jour, ne connait ni la nuit
Mille fois meurt, mille fois renaît en ses écorchures
Les lambeaux de sa chair, les ramasse et s’enfuit
En ce désert si nu, il brave la poussière, il est sa propre brûlure
Pour sa Belle, devient un vagabond, sans dignité aucune
Les rires le poursuivent, tous se moquent de lui
En la nuit de son âme, il est le constant rival des étoiles
A-t-il sa raison, ce fou qui hurle et pleure sans honte
Les yeux aveugles au monde, son corps est amaigri
Partout, il cherche sa Belle, partout elle est en lui
Se tient devant sa porte, submergé par les râles et les soupirs
Il vient échouer sur les récifs de l’Absence, et vit de ses suppliques
Pour un seul Regard de Son Aimée, explore le fond des mers
Explore le fond des Cieux, déterre les trésors, découvre tous les mystères
Son Cœur est irradié des charmes de l’Amour et ne sait plus penser
Sa folie est entière, son corps est un souffle rauque, un cri sans répit
L’océan est vide devant ses larmes chaudes, les tempêtes de son âme
Si sa Belle vient à se montrer, il ne la quitte plus et soupire, jour et nuit
Allongé à ses pieds, devient son lit, sa parure
Son cœur bat si fort, l’ouragan s’épouvante
Sait-il se contenir, ce fou qui n’a plus sa raison?
S’il marche, il semble courir tel un forcené
Plutôt sa marche devient l’Empire qu’il a oublié
Les nuits deviennent le fleuve où il veut séjourner
Ses lèvres sont asséchées d’avoir tant quémandé
Brandit une perle d’Amour incendié, lumières récoltées
Le fou ne connait ni repos, est fou tout entier
Embrasse mille Roses, ensanglanté par les épines
Ces douleurs sont suaves, lui qui tient ainsi sa Bien-Aimée
Partout son regard se pose et partout s’enivre de La Roseraie
Son Oraison est ses entrailles qui brûlent de désir
En son sein, naissent des soupirs qui n’ont plus de fin
C’est ainsi qu’est L’Amour, près à donner mille cœurs
Et mille encore, sans connaitre la mort, lorsqu’elle vient le traverser.

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