De rerum natura

L’essence d’une Rose, ou l’évidence des parfums.

Mille et une roses délivrent un suave parfum ;
D’aucune, l’essence subtile vainement ne s’échappe,
Car Le Nom de Rose exhale un noble Jardin :
La Rose meurt mais Sa Réalité est immuable.

Ces parfums évoquent la pure Quintessence.
D’Elle, nous apprenons à remonter le courant,
Car les senteurs de chaque fleur sont une Présence,
La fugacité révèle ce qui est constant.

Or, entrer en L’Esprit, c’est laisser les choses
Parler de ce qu’elles sont pour ouvrir nos propres cœurs.
Entrer dans l’hébétude, c’est écouter la Rose.

Les hommes croient tout savoir mais ce n’est que leurres.
La mort annihilera leur absurde vide.
Ils auront, par la grande stupeur, le cœur livide.

La Rose

Carl Zewy (1855-1929)

Au sein d’un ancien Jardin, je vis la Rose.
Me parla-t-elle de tous ses maux ou bien des mots
Éclos de son visage vermeil, et je n’ose
Encore vous décrire ses yeux emplis d’eau,

Du rougeoyant ruisseau qui en ce doux écrin,
Disposa ses pétales de velours grenadine,
Et pour en saisir son indicible parfum,
Ne faut-il pas devenir Rose cristalline ?

Au cœur naissant, quand le Jour frémissant à peine,
Murmure ces rosées à la bouche de ces instants
Complices, entre les pages du temps que l’on pressent :

Rose, que ne m’as-tu confié, à moi, fol amour,
Tandis que chacune de tes empreintes certaines,
Ouvrent, en mon âme, les portes du voyage sans retour ?

Warda

Éclose en vase éclos,
Du jaillissement de glaise,
Partout et au-delà des mots,
Comme trempées de braise,
Quand de grenade vermeille,
Sur les temps pliés au son d’un Glaive,
Les larmes sont moins que des oripeaux,
Car d’une argile rouge,
S’échappe la force d’un Renouveau.
Partout les cœurs s’embrasent,
Puis fusionnent dans la flamme des mots.
Mais éclos de Ton Essence,
Le Vase devient Louanges,
Serti de pierres angulaires,
Et telles des réminiscences,
Quand L’Âme appelle La Présence,
S’élance L’Arbre des Secrets.
Cette nuit, je vis cette pleine Réalité
Et bientôt, j’en parlerai, telle L’Évidence,
Lors que je sais que tu écoutes :
Plus qu’un corps, au-delà des limites,
Dans les confins du Souvenir,
J’ai chanté, j’ai chanté.
Louange à L’Invisible !
Vois L’Âme qui se retrouve
Hébétée, Hébétée !

Le grain choisit où se reposer, dans les ténèbres de la Terre, dans la chaleur du ventre de La Mère. L’Haleine suprême anime La Présence, tandis que nourri de confiance, le grain s’amollit et perd de sa résistance. La main du Jardinier est main de bienveillance, compassion et Transpir sans retenue. Le Soleil a fait une promesse, et le feu du Retour est un chemin sûr. Warda, Bien-Aimée, Ta Cordée est lancée, et la main l’a trouvée.

 

De La Féminité (2)

Illustration - Conte de GrimmIllustration de Anton Lomaev

Je m’allonge chaque jour sur un lit où s’éveille La Mort ;
D’Elle, ma constance éblouit tous les Cieux d’Êtreté.
Quel est donc ce défi de langueur ?
Je marche dans la ville en la paix retrouvée.
De figures fantomatiques qui frôlent les murs,
La Mort est plus vivante que les vaines paroles.
J’ai ri de nous voir en ce rêve éveillé.
Comme est grandiose Le Cœur de L’Aimé !
Son Jardin est de Rose qui ne jamais flétrit,
Je le sais pour l’avoir longtemps observé.
N’allez pas de ce côté-ci, L’Aube est naissante,
De mille Rosées que l’on cueille avec Amour.
Je Lui suis fidèle tout le long du Jour.
La Nuit cache des secrets en L’Écrin de nos discours.
Je n’ai jamais eu peur d’aucun paradoxe.
Veuille cueillir La Vie de Sa Mort avérée !
J’ai su qu’en La Féminité L’Âme est à s’élever.
C’est d’Elle que L’Incendie donne à chaque instant Sa Volupté.
C’est d’Elle aussi que je goûte à L’Âme apaisée.
J’ai fermé les yeux consciemment à tous les mensonges.
La Liberté est ivre de contempler L’Éternité.

L’Île verte (3)

Image associéeIllustration de Elenore Abbott (1875-1935)

Je L’ai vue, cette Île qui ne m’est pas étrangère,
Je L’ai vue, lors que mon cœur n’est jamais d’Amour
Désespéré, puisque Lui entier est ma lumière.
Je ne sais plus vivre qu’en cet insensé Amour.

J’étais enfant, comme éternellement perdue,
Prisonnière de ce qui hantait ma mémoire,
Lors qu’aspirée par Le Ciel gigantesque et nu,
Je faisais le serment de chanter Ta Gloire ;

Mon cœur bien à l’étroit désirait T’embrasser,
Lors que le goût floral des senteurs vespérales,
M’enivrait des promesses de La Rose matinale.

Les nuits nous ont tant de fois interpellée,
Mais en Ta Présence s’éveillait l’invincible Soleil,
Puis de répandre sur mon âme cet effluve vermeil.

 

Adonis

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Peinture de Benjamin West (1738-1820)

Des alchimies de L’Âme, Lumière qui abonde,
Tel est Le Secret du Périple, dites-vous encor.
Lors que des Fontaines, L’Eau frémit de tout Son Corps,
Adonis marche en votre Jardin et nous raconte

L’histoire du Soleil, qui ceint de vermeil une Rose,
En des fragrances à nul autre pareil, Le Graal.
C’est l’ardente Lance qui perce le grand Voile.
Tel est ce Florilège, un Chant qui nous compose.

La Forêt est bleue de cascades, et s’y baigne
La Lune sept fois, me dites-vous, lors qu’en ce Lac,
Les étoiles dansent et La Rose s’imprègne

Des ondes que Le Cœur perçoit en langue syriaque.
Au Centre du Cœur, L’Arbre devient Oiseau de Vie :
Il chante sans relâche la lumière de L’Esprit.


Confidence du Barde : Lors qu’au cœur, L’Esprit épouse L’Âme, Beauté est Guérison du Corps. De Vie, Celui-ci est animé, mais c’est en L’Esprit qu’il est une Arborescence. Des Floraisons depuis La Lance, Terre des Anciens, lors que Sanglier (sang lié) était le symbole d’une déchirure, rupture avec le monde opaque de l’oubli ; La Reliance est victoire et Renaissance, la mort (L’Amour) est Rose, Lys des mondes supérieurs. Quelques ouvertures en ces chants bardiques qui éclosent au cœur de L’Amant. Oraison de La Souvenance émergente en cette Terre natale, de Mémoire vive, et appelant depuis L’Insondable, au delà du monde figé, Enfer et Paradis, sont Ignorance et Jardin,  périssement ou Semence germinale de Vie.