Le Souffle Vital

Le souvenir pourrait bien être un oubli, tout comme l’oubli pourrait bien être un souvenir. Mais trop de composition tue le naturel, nous dit un homme rencontré sur le chemin. Il faut du temps pour que la décomposition devienne Floraison. L’âme s’emploie à tremper dans les eaux tumultueuses, la douceur de l’être. Amour ! L’âme plonge dans les arcanes profondes et ne donne plus de nom ; il n’est plus aucun Nom au centre qui voit en cercle l’horizon ; Zénith tremblant d’une verticale effacée et le souvenir bascule en l’oubli, et l’oubli devient souvenir. L’émotion est au comble de sa suspension, le toucher fin d’une grâce, le cœur retenu en une apnée. C’est là que je Te trouve. C’est là que frémit l’infroissable, effet imperceptible du Visiteur. C’est là que l’on marche sur la pointe des pieds, Ô sol léger, léger, si léger. Avant le tourbillon des mots, les lettres tel un cyclone. Le corps devient les mots, les mots deviennent le corps. Les images s’amoncellent pour s’aplatir, tandis que ces images nous apprennent le regard de L’Unité.

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Le Souffle Vital

Le « je » n’avait pas de déclinaison. Le monde était uni dans son plus grand ébahissement. Nous ne fuyions pas à ce moment, puisque tout était en sa nature primordiale. Les mots ont une grande importance en ce qu’ils révèlent. Les mots étaient images, et les images étaient des mots. Comme pouvait-il y avoir de séparation ? La vie était les mots et les mots étaient la vie. Le palpable rejoignait l’impalpable et l’impalpable rejoignait le palpable. Le corps était langage et s’inscrivait dans le langage, tandis que le corps était l’image et l’image était le symbole. Le Récit était l’image et l’image était le Langage. Le Langage était Essence et L’Essence était L’Origine. Le Corps devenait L’Origine et L’Origine devenait Lecture. Les uns s’entremêlaient aux autres et les autres fusionnaient avec les uns. Le Souffle était mouvement et Le Mouvement était L’Apnée. A l’intérieur était La Pulpe et à l’intérieur de La Pulpe était La Vision. En La Vision de L’Intériorité était La Vision du Retournement et à l’Intérieur était l’Extérieur et L’Extérieur était L’Intérieur. Le Ciel était en bas et La Terre était au Ciel. Les Pôles s’étaient inversés et La Vision s’ouvrait au Regard. Il fut un temps de Chaos, mais le Chaos était un Magma. Du Magma jaillissaient les mots et des mots jaillissaient le sens. Quand La Question se formulait le détachement était puissant.

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Apprendre, c’est Le souvenir (AL DHIKR)

Peinture de Sir William Orpen (1878-1931)

Il m’appela bien avant que je ne L’appelle, pressant, constant, patient mais ferme. Il venait se poser partout là où j’allais et je lui demandais : où puis-je donc aller ? Il venait les matins, alors que tout le monde dormait, et Il venait le soir, mais, ne venait-Il pas aussi au cours de la journée sans crier gare ? Il venait quand je ne L’attendais pas, et Il venait quand je Le cherchais. Parfois, Il me donnait un nom, parfois, Il venait sans m’avertir, tel un voleur. Il me prenait la vie mais Il me la rendait toute entière. Je dansais seule sur les chemins et lui parlais inlassablement. Cette plénitude ne s’invente pas ; elle est au bord des routes, elle est dans le cœur qui parle et tout devient votre corps et tout devient un seul regard. J’avais trouvé ce qui ne saurait être nommé et tout le labeur n’avait plus même de sens, car, tout venait jusqu’à moi sans que je ne Le cherche, sans même que je ne lève une seule fois la main. La vague m’inondait de son riche limon et je buvais et mangeais L’Esprit, cette Manne et ces Cailles, et je nourrissais ma terre et je devenais elle. Qui peut saisir cette merveille quand tout valse et que tout vous porte sans que vos pas ne soient autres qu’un simple effleurement sur le sol ? Vous avez tout quitté, mais tout revient, comme si le vent était un secret amant et que la vie était la seule personne qui soit. J’appris à voir.

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