Le petit semainier

"Gathering Firewood in Winter"  by George Henry Boughton (Anglo-American 1833-1905)Peinture de Louise Abbéma (1853-1927)

                 Vendredi

Même si la pluie tombe froide,
la nuit glisse sur les galets,
Ces rondeurs sous les pieds,
Le vent s’est caché.

                 Samedi

Les soirs d’hiver ont ma préférence,
Chaque fois, je sens L’Étreinte.
Quand tout bascule, rien ne s’absente. 
Dans Le Silence, les saisons passent.

               Dimanche

Les gerçures du vent
Ont raison d’une promenade.
J’aime l’hiver,
J’en dirais de même du printemps.

Tri nox Samoni* (1)

Résultat de recherche d'images pour "fete de samain"

Du pur sang vermeil, quand éclosent les vignes,
Le Ciel est une demeure sur la Terre du Cœur.
Chaque seconde en cette rumeur suspend son signe.
J’ai scruté, longtemps du Vivant, cet intérieur.

De la mort, il n’est aucune peur inextinguible ;
Veuille, mon frère, saisir Le Silence en sa stupeur,
Puis accueillir les raisins mûrs d’indicible.
Quand le souffle est L’Intention, sonde Le Seigneur,

Et La Vallée de la mort est Voie de Lumière.
Paix, Amour sont Louanges, fruits gorgés de douceur.
L’Écho est une larme qui ruisselle sans plus de peur.

L’Étreinte vive, le cœur juteux, beauté singulière,
Se penche sans paroles vaines, en la fraternité :
Je t’ai pris la main depuis ce Temps, L’Éternité.


*les trois nuits de Samain

Octobre

Résultat de recherche d'images pour "tacuinum sanitatis persil"

Virginales saveurs d’une profuse et pleine saison,
En les frôlements du corps et puis de l’âme,
Lors que chantent les semailles et le doux clairon
Des fenaisons dans l’étable, les tremblantes flammes :

Haleine des fruits gorgés de Ton souffle puissant,
Sur une table que l’on compagne de riches gratitudes,
Sitôt que vient le soir et que repose notre hébétude,
Splendeur des roses du divin et Seigneur Amant.

La certitude nuancée par le grand Mystère,
Épouse le crépuscule des riens et l’on vient,
De cette perception, goûter au petit matin.

Voici comme nos mains engageantes trempent la terre,
Tandis que ferventes, elles puisent dans l’alchimie.
Soudain, notre cuisine est l’alcôve des mille et une nuits.

Septembre

September - Ploughing and sowing | Da Costa hours [1515] - M… | Flickr

Septembre a pour coutume de s’effacer lentement,
Comme vaincu par les gris nuages qui s’amoncellent,
Et de donner à chaque arbre des fruits à la pelle,
Quand les oiseaux passent et s’en vont lointainement.

Des couleurs de l’été, il fait glisser le temps.
Les nuits s’attendrissent du soupir des hirondelles,
Mais les doux matins accueillent la saison nouvelle.
Un martin-pêcheur survole le fleuve vitement,

Tandis que quelques feuilles pleuvent comme tombées du ciel,
Poussées par le vent qui chante la solitude :
Nulle querelle et chacun, vaillamment, suit Son Appel.

Septembre mûrit au fond des bois, riche de certitude.
Quand vient le cerf, il connaît aussi les élans,
Et de douceur sourit tendrement à L’Amant.

Wappen_KallinchenSe lit aussi sur Noblesse et Art de l’écu

Juin

Julien Dupré www.tuttartpitturasculturapoesiamusica - #Dupré #Julien #wwwtuttartpitturasculturapoesiamusicaPeinture de Julien Dupré (1851-1910)

Du soleil turquin, l’Azur semé de cerises,
Des mains gantées de joie qui sentent si bon le foin,
Lors que ruminent quelques veaux dans les champs, au loin.
L’Ami, te souviens-tu de cette fameuse devise ?

« Qui en juin se porte bien – là est tout notre désir –
Au temps chaud ne craindra rien ». Est-ce de bonne augure ?
Juin commence par une Fête, lors qu’aussi il clôture
Le Printemps qui fut tel un florissant soupir.

En ce Sacré-cœur, l’homme sincère jamais n’oublie
Que l’heure cruciale est un Souvenir intouchable.
De La Solitude vécue, je bois aujourd’hui

Ce qui durablement me semblait improbable.
Je quitte ce monde, au vol des oiseaux insouciants.
Chaque jour est un pas vers la tombe qui nous attend.