Les pensées

Qu’avez-vous donc à fuir votre vie ; est-ce illusion ?
Une fuite toujours en avant, tissée de rêves,
Au milieu des bruits, qui s’agite sans trêve ?
Qui vous fait avaler cette immonde poison ?

Vos sourdes agitations sont des points culminants,
Qui forment autour de vous et en vous des attaches,
Le monde pulvérisé par vos mots bravaches,
N’est qu’un aspect de vos désirs hallucinants.

Le chaos règne du fait même de la course en avant,
Chacune de vos pensées étant une lourde méprise,
Pourquoi ne pas comprendre enfin tous vos tourments ?

Ils viennent d’une dérive qui vous pulvérise,
Que vous restera-t-il au moment de la mort,
D’avoir tenu à vos pensées vous trouble encore.

Le petit semainier

Camille Pissaro ~ Saint-Charles - Eragny 1891                                                                                                                                                                                 Plus

Jeudi

La Forêt est seule d’aucun regard,
Du Souffle à peine frémissante,
Sous les feuillages ombre latente,
Soudain, tendue puis surprenante.

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Vendredi

Je marchais et disais : qui existe ?
Véritable phénomène et rien n’y résiste,
A l’ombre des cyprès, du tilleul et de la Roseraie,
Est-il une conscience qui vraiment périsse ?


*Peinture de Camille Pissaro (1830-1930)

Guerres infâmes

Résultat de recherche d'images pour "john singer sargent war"Peinture de John Singer Sargent (1856-1925)

Sans nul doute, des tréfonds communs, lors que tombant,
Du pire, du meilleur, est-ce donc eau marécageuse,
Quand les boues se mélangent aux sueurs peureuses,
Quand les hommes trempent vulgaires dans certains étangs ?

Ultimes combats délétères, putrides jusqu’aux os,
Les mots lâches que l’on n’ose plus plaquer au visage,
Sont-ce femmes, enfants, que l’on jette dans les marécages,
Pour n’avoir pas su être un homme vainquant ses maux ?

Est-ce une mise en scène d’une infâme avant-première,
Lors que de vagues vaines et même s’y aventurant,
L’on brandit ce qui s’évide dans la fourmilière,

Et l’on rugit de colère et de haine, tremblant,
Toujours se chargeant des pires peines maléfiques,
Lors qu’en ce soupir, est née une âme pacifique ?

Suavité

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     Irisées en ces fleurs, les gouttes
     Perlent à mon cœur esseulé
     Bientôt L’Aube chante :
     Venez, suave sera l’été.

Dragonflies

Du pont qui s’élance sans hésiter,
Les pruniers ont ces douceurs.
Que sont donc vos caresses,
Si ce n’est les branches qui s’élancent
Au firmament de mon cœur ?
N’est-ce pas à vous encore qu’il s’adresse ?

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Histoire de fous

A DERVISH LEANING ON HIS STAFF, STYLE OF REZA-I 'ABBASI, PERSIA, SAFAVID, CIRCA 1600 pencil and ink on paper, lower section extended, gilt bordered mount, framed drawing: 9.8 by 3.5cm. frame: 19 by 12cm.

Celui qui écrit sur les ciselures de ses promenades surprend parfois les pages livides. Il trempe à la plume de son âme les vagues de la déchirure. Il entend le vent des mouettes au large, tandis que les gouttes de rosée tremblent sur le sable de ces longues nuits. Soudain, le cri traverse l’azur de ses larmes, puis le rire fait des confidences au fou : J’ai prêté ma vie à la joie ; elle me l’a bien rendu…