Jardin du Luxembourg

Je vais vous conter l’histoire d’une fillette qui se rendait souvent, avec sa maman, au grand Jardin du Luxembourg, la main dans la main. Je vais vous raconter comment cette maman l’aimait tendrement, d’une tendresse infinie qu’elle déversait en boucle suave tout en coiffant sa petite fille. Chaque phrase qu’elle prononçait était celle d’une lionne qui aimait farouchement ses petits, qu’elle regardait attentivement, mine de rien, et ce du coin de l’œil. Cet immense parc apparaissait semblablement à un gigantesque labyrinthe pour la petite fille. Mais elle n’avait nullement peur de courir parmi les chaises et elle retrouvait toujours le fameux sentier qu’elle connaissait par cœur. Ce magnifique Jardin devenait le plus grand des pays imaginaires, celui des souvenirs par milliers durant les longues journées parisiennes. Sa mère s’asseyait non loin de là, sur un banc et la regardait faire flotter son petit bateau dans l’immense bassin. Je vais vous conter combien les pigeons lui semblaient drôles avec leur démarche particulière. Elle les regardait s’envoler dans le ciel souvent gris, mais, tout en les suivant du regard, elle volait avec eux et la joie emplissait ses petits poumons. Paris était le plus beau pays du monde pour la fillette. Paris devenait de gigantesques et magnifiques bras fredonnant pour la petite fille. Paris, le beau souvenir d’une mère et de son enfant. Paris, encore et encore…

Les oiseaux

De mémoire de Jardin que l’automne fait frémir,
Est-il un seul arbre que ravit la sépulture,
Qui d’embruns et de pluies que marque la nature,
Quand s’efface l’été, je n’ai entendu gémir ?

Grâce volatile d’une Joie qui sans périr,
Des états fatidiques que sème la rupture,
Voit soudain le rouge-gorge, et de sa voix pure,
Entreprend de venir compagner notre soupir,

Tandis que sa gorge de feu nourrit notre entrevue.
Lors, ai-je souri de larmes effusives à sa vue ?
C’est ainsi que l’instant s’exalte du transport

De l’oiseau et le jardin devient la promesse vive
D’un ballet que m’impose sans doute le Sort,
Puisque le rouge-gorge me remet cette douce missive.

***

De mémoire de Jardin, venaient les tourterelles
Faire leur Révérence avant que de se nourrir.
Comme les gestes de la nature font sourire !
Dites-moi, n’est-ce pas là beauté d’une vie éternelle ?

Dites-moi, du piaillement des moineaux querelleurs,
Que penser, lors qu’en fait chacun partage le grain ?
Or, souvent, et je les voyais tôt le matin,
Se suspendre au mangeoire, attendre chacun son heure.

Dites-moi, quelle belle leçon de vie, ces petits êtres !
Convenez que ces drôles d’oiseaux sont des maîtres.
De les observer m’apprit à voir autrement.

Sachez que des mésanges, je vis une étrange danse,
Cela tout le long du jour, lors que savamment,
Elles venaient, après les moineaux, comme une évidence.

De rerum natura

L’essence d’une Rose, ou l’évidence des parfums.

Mille et une roses délivrent un suave parfum ;
D’aucune, l’essence subtile vainement ne s’échappe,
Car Le Nom de Rose exhale un noble Jardin :
La Rose meurt mais Sa Réalité est immuable.

Ces parfums évoquent la pure Quintessence.
D’Elle, nous apprenons à remonter le courant,
Car les senteurs de chaque fleur sont une Présence,
La fugacité révèle ce qui est constant.

Or, entrer en L’Esprit, c’est laisser les choses
Parler de ce qu’elles sont pour ouvrir nos propres cœurs.
Entrer dans l’hébétude, c’est écouter la Rose.

Les hommes croient tout savoir mais ce n’est que leurres.
La mort annihilera leur absurde vide.
Ils auront, par la grande stupeur, le cœur livide.

Secrète Licorne

La Dame à la Licorne.1898. Tempera on plaster on board. 78 x 54.5 cm.  Art by Armand Point.(1860-1932).

Peinture de Sebastiaen Vrancx (1573-1647)  

Te souvient-il de nos promenades près du lac ?
Nos pas se mêlaient à la verdure des hautes herbes,
Et je savais garder en moi l’image intacte,
D’une clairière qui resplendissait de ton verbe.

Te souvient-il des preux élans d’une gracieuse mouette,
Du murmure intense aux chastes caresses du vent,
Lors que l’arbre s’émeut de ta frêle silhouette,
Qu’une abeille se plaît à nous parler doucement ?

Quelle est cette odeur de résine, ces sucs vermeils
Qui s’attendrissent quand la licorne s’émerveille,
Lueur en la folle songerie de tes pensées ?

Voici que s’étonne encor la fervente rivière ;
Mais qui donc nous rappelle à ce poignant mystère ?
Est-ce bien la licorne qui nous a visités ?

Allégorie du Jardin de L’Âme (31)

Résultat de recherche d'images pour "alphonse osbert art"Peinture de Alphonse Osbert (1857-1939)

-Le Temps-

Il faut du temps pour que le temps passe et trace ce qu’il retient de sa main de velours, au-delà des torrents qui charrient toutes les alluvions ; il faut du temps pour que le peuple se peuple de Ton Regard, comme il faut du temps pour respirer et sentir les yeux venir te parler du Soleil, pleinement ardent, dès L’Aube qui renaît sur l’opale de Ton Expir ; il faut du temps pour s’abandonner à Tes Mains bien-aimées et se laisser pétrir de Ton Respir. Et si Le Ciel épuise une larme dans la campagne esseulée des pas solitaires, si Le Ciel écrase une perle de Ton Âme suintée sur la Terre éplorée, si Le Ciel cherche encore le ruisseau pour s’y jeter ; si Le Ciel éclate en sanglot devant l’étincelant Été ; et si Le Ciel continue de clamer Sa Présence vénérée, il en renaît des milliers en Ton Âme abreuvée. Il faut du temps pour se laisser éprouver par l’étreinte de Ses Bras qui nous essore de nos aspérités. Il faut du temps pour que le temps échappe au Temps, implacablement, et s’évanouisse dans le bouillonnement de l’érosion, lissé par les passages incessants ; il faut du Temps pour que L’Astre se lustre à L’Eau de La Lune et s’arme des pacifiques gestes retrouvés. Il faut du Temps pour voir L’Épousée, belle et gracieuse, aux lèvres de grenade et aux propos sages et illimités, puis entendre les feuillets bruisser au Silence magistral au sein du Palais de L’Amant. Il faut du Temps pour traverser Le Ciel et plonger dans Son Lac argenté, comme il faut du temps pour être saisi par ce Temps qui n’est plus Le Temps. Il faut du Temps pour que les rivières soient les pages de Ton Ecriture, au Pays de L’Esprit, lors que Le Calame chante et adoucit les plaies de L’Âme qui n’a jamais désespéré. Il faut du Temps pour entrer en L’Éternité et Le contempler et L’honorer.

Paroles témoins du Temps : 

Le temps se manifesta souvent sous la forme de L’Eau, de la Terre, mais aussi du Vent, du Feu, de La Lumière. Les ailes de L’Oiseau furent peintes à maintes reprises par le pinceau magique du  Langage alchimique, celui de la densité et de L’Éthéré. Les dimensions du Jardin sont illimités, et le temps recule devant l’intensité du Regard de L’Amour. Le parfum fut une évocation affleurante, lors que le Maître des lieux s’approcha, une nuit de pleine Lune, accompagné de son valet le plus sûr. Il lui confia son secret : cette entreprise n’était pas sans danger. Le valet en fut fort étonné. Il s’agissait de surprendre L’Épousée. Le valet lui rétorqua : « – Mon Maître, il s’agit effectivement d’une entreprise fort dangereuse ». Mais, le Maître avait été bel et bien transpercé par la plus ultime des flèches de L’Amour. Il aspirait à voir Sa Fiancée. Derrière les brumes du soir, lors qu’un rayon de Lune baigna de sa douce clarté Le Jardin, Il vit L’Épousée qui marchait lentement et levait avec douceur Son Visage de noblesse, nimbé du Voile de la plus tendre pudeur. Le Temps s’arrêta et le cœur du Maître devint soudain Le Jardin.

Le Rouge-gorge

sweetsurrender68: Heinrich VogelerPeinture de Heinrich Vogeler (1872-1942)

Nous surprîmes maintes fois le rouge-gorge
Jusqu’à notre porte, il vint et nous chanta,
De grâces et de volubile Amour courtois.
De La Nature, nous apprîmes sans cesse les gestes :
Sagesse et paroles qui toujours regorgent
Des sucs que le vent parfois emporte, sans conteste,
Et ce rouge-gorge tendu de gratitude,
Délicat et farouche en sa douce plénitude,
Nous contait les beautés de L’Âme.
Nul doute, je l’écoutais déverser son incandescente flamme,
Lors que le soir, l’automne avivait son plumage.
Aujourd’hui, la fauvette chante à tue tête…
Seigneur, comme coulent Tes Larmes,
Lors que surviennent mille mystérieuses Joies !
Au-dessus des treillis que voisinent les charmilles,
Se sont alanguis mes pas, et parfois mélancolique,
Le Regard étreint Le Ciel et s’en va
Épouser quelques ondes lyriques,
Pensées que ne poursuivent nulle chimère ;
Et c’est d’avoir vécu sans jamais craindre La Lumière,
Qu’aujourd’hui, des blancheurs matinales,
Les roses frémissent à vos brumes pastorales.
L’Été soulève au Jour quelque rêverie derrière un voile.
Je Vous aime sans craindre L’Amour.
Poignante est cette Épée qui attise mon Regard,
Lors d’une promenade, j’en sais Le Retour.
Je veux m’allonger et tendre à mon cœur apaisé,
Les mains que Le Souverain de mon âme,
Tient sans que jamais je ne puisse Le lâcher,
Et J’aime d’avoir aimé, sans l’avoir méconnu,
Lui, Le Seul Bien-Aimé,
Et j’aime d’avoir aimé pour L’avoir reconnu
Puisque c’est Lui qui aime en premier.

 

Se lit aussi sur Noblesse et Art de l’écu

Malinovsky (Russie)

Le petit semainier

 image de Borana Veliaj (@astrolatria) avec la légende: "Sternschnuppen Franz Von Stuck 1912" - 2031585270650836178Peinture de Franz von Stuck (1863-1928)

                             Jeudi

Le Ciel est d’étincelantes étoiles
Des heures du même regard
Combien te contemple encore 
Beauté sculpturale ?

 

                            Vendredi

J’aimerais te confier,
Tout ce que mon cœur dévoile.
Amour, es-Tu en ce Pouvoir :
Défaire les liens, mais aussi les resserrer ?

 

                            Samedi

Je l’ai rencontré.
Est-ce bien lui ?
Le Jardin s’est souvenu.
Son visage m’a ému.