Les pensées

Qu’avez-vous donc à fuir votre vie ; est-ce illusion ?
Une fuite toujours en avant, tissée de rêves,
Au milieu des bruits, qui s’agite sans trêve ?
Qui vous fait avaler cette immonde poison ?

Vos sourdes agitations sont des points culminants,
Qui forment autour de vous et en vous des attaches,
Le monde pulvérisé par vos mots bravaches,
N’est qu’un aspect de vos désirs hallucinants.

Le chaos règne du fait même de la course en avant,
Chacune de vos pensées étant une lourde méprise,
Pourquoi ne pas comprendre enfin tous vos tourments ?

Ils viennent d’une dérive qui vous pulvérise,
Que vous restera-t-il au moment de la mort,
D’avoir tenu à vos pensées vous trouble encore.

La caravane passe

La caravane passe,
Tremblant le soleil,
De tous les horizons,
Sanguinolente danse,
Dans l’effondrement d’un monde,
D’une puissante indolence,
En ondulations submergeant l’onde,
Témoignage de notre silence ;
La caravane passe,
Meurtrissant ces dunes sauvages,
Et le pont frôle notre Aube naissante,
Au sein même des effluves du mirage,
Quand dardent les rayons,
Sur le lac marbré de sable,
La caravane passe,
Indifférente aux affres,
Lors que crissent les pas des chameaux,
Et que les grains glissent sur la peau,
De ton effervescente constance,
Mais la caravane passe,
S’unissant au vent,
Durant la veille transpirant tel un sevrage,
Nos mots jaillis dans l’étrange phrase,
C’est là qu’au creux de la dune,
Danse encore notre fièvre opportune,
Qu’avive l’affleurement nocturne,
Puis que la lune enveloppe le jour
D’étoiles virginales
Tandis que souffle encore le murmure
Et rappelle un feu étrange,
Prégnant de notre Amour
Emprunt de douceur suave
Mais vois-tu,
la caravane passe.

Désaveu

Ces souverains, ont-ils gardé toute leur jeunesse ?
Qu’ont-ils saisi et qu’emporteront-ils d’ici ?
Lors que La Lyre, du Ciel cherche encore La Promesse,
Que L’Archange attend L’Heure, il n’est plus qu’un sursis.

Je jette au loin tout votre monde et sans attendre
Sur le Sentier de La Vie, je scrute L’Inconnu.
De vos gestes, il ne restera qu’un goût de cendre ;
Il n’est aucune Gloire en votre monde déchu.

Désormais, j’emporte en moi la douce Empreinte.
Elle imprime en mon cœur le Signe fervent de Dieu.
De Lui je suis, et je retourne à Son Étreinte,
Tous, quoi que nous fassions, nous fermerons les yeux.

Rassemblez vos chiffres, comblez tous vos suffrages
Tandis que je vais, ivre, marcher sur Le Chemin.
Souvent, je vois l’oiseau troubler quelque bocage ;
Un papillon me donne les nouvelles de demain.

La Nature est un Cantique, la clameur d’une Ode.
Chaque jour, à vos immondes méfaits, Elle dit : non !
Mais vous n’entendez pas, et un grand malheur rode.
Par votre déviance, vous perdez jusqu’à Son Nom.