Les pensées

Qu’avez-vous donc à fuir votre vie ; est-ce illusion ?
Une fuite toujours en avant, tissée de rêves,
Au milieu des bruits, qui s’agite sans trêve ?
Qui vous fait avaler cette immonde poison ?

Vos sourdes agitations sont des points culminants,
Qui forment autour de vous et en vous des attaches,
Le monde pulvérisé par vos mots bravaches,
N’est qu’un aspect de vos désirs hallucinants.

Le chaos règne du fait même de la course en avant,
Chacune de vos pensées étant une lourde méprise,
Pourquoi ne pas comprendre enfin tous vos tourments ?

Ils viennent d’une dérive qui vous pulvérise,
Que vous restera-t-il au moment de la mort,
D’avoir tenu à vos pensées vous trouble encore.

Confidence du Barde

Toute vindication vient d’un excès d’âpreté,
Quand l’âme devenue le jouet de la violence,
S’évertue sans cesse à réduire, tout maquiller
De mots qu’elle veut incisifs ; mais est-ce somnolence

Que de vouloir tout briser ? Quand s’éveille la conscience
Quelque part, rien ni personne ne peut la retenir.
Lors, elle entre dans un profond et vibrant silence,
Puis l’effet devient unité et pur désir.

Quoi de plus indigne que la sombre somnolence !
Il est des crimes qui viennent de cette propension,
A ramener le Tout en cette forte violence.

Mais que dire ? S’accrocher à cette mécanicité,
Las ! révèle Ô combien l’homme dans sa déraison,
Détruit, et son âme et celle de l’humanité.