Août

Livre d'Heures à l'usage de Rome_1540

Tu le sais, sur les rives où s’enflamment les roseaux,
Soleil languissant de sa force insoutenable
– Même les oiseaux fuient vers des contrées insondables –
Le chemin se retire sous les chênes, près de l’eau.

D’ardentes secondes frémissent au Souffle de l’olivier.
Les roses sont d’humilité couchées et patientent :
L’été s’offre à la grâce d’un orage qui nous hante.
Le soir, allongé, comme est précieuse la veillée !

Puis des voiles de transparence qu’étendent les étoiles,
La nuit est hébétée et s’unit à L’Amant.
Que ne fus-je évanouie en cette Source sidérale,

Et fuyant sur La Monture de Ton Firmament !
Auguste est ce Prince qui fixe ainsi la lune :
Cette pure vision est devenue l’encre de ma plume.

 

*Image extraite du Livre d’Heures à l’usage de Rome, datée de 1540

Juillet

Gustav Klimt I Felice Casorati I 1902Peinture de Felice Casorati (1883-1963)

Des nuits d’étoiles éclairées de Lune solitaire,
Quand Le Soleil frôle l’évanescente prunelle,
Songe d’été qu’inspirent sans doute les grands Mystères ;
Au loin, le ciel n’ose s’étourdir de L’Éternel.

Jusqu’au soupir des vertes et luxuriantes bruyères,
L’herbe des champs effleure l’or des rayons purs,
Tandis que le tambour d’un promeneur de Lumière,
Danse sans mesure avec les fleurs du noble Azur.

L’effervescence des moineaux sur la colline,
Te convie à l’ombre d’un Arbre et de t’endormir
En la présence douce et de saveur divine.

Juillet est la lenteur étrange ; croit-on mourir
A l’orée du bois lors que Le Souffle s’embrase,
Puis qu’aux paupières de Ton Cœur fleurit notre Extase ?

 

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District de Maryina Roshcha (Russie)

L’averse

William-Adolphe Bouguereau by hauk sven, via FlickrPeinture de William Bouguereau (1825-1925)

D’attention soutenue qui n’a rien de si étrange
Je vais et le Ciel soudain me semble bien bas.
Sont-ce les nuages qui frôlent les herbes là-bas ?
C’est une pluie qui me pousse vers la grange :

Un vieux mulet peu farouche continue de boire.
Je salue la bête, puis dans le foin, je m’endors.
C’est alors que je m’éveille dans la nuit noire ;
Soudain, la voûte céleste s’anime de poussière d’or.

Un vent léger me surprend ; l’herbe est encor grasse
Sous mes pieds hébétés. La caresse d’un ruisseau
Me fait le doux récit de l’averse de tantôt.
Puis je fais quelques pas et les étoiles, pleine de grâce,

Miroitent sur les lointaines montagnes qui les courtisent.
Pour elles, elles ont des yeux, elles ont aussi un cœur.
De la nature qui parle, je surprends des rimes insoumises
Ou peut-être des discours qui font tout mon bonheur.

Juin

Julien Dupré www.tuttartpitturasculturapoesiamusica - #Dupré #Julien #wwwtuttartpitturasculturapoesiamusicaPeinture de Julien Dupré (1851-1910)

Du soleil turquin, l’Azur semé de cerises,
Des mains gantées de joie qui sentent si bon le foin,
Lors que ruminent quelques veaux dans les champs, au loin.
L’Ami, te souviens-tu de cette fameuse devise ?

« Qui en juin se porte bien – là est tout notre désir –
Au temps chaud ne craindra rien ». Est-ce de bonne augure ?
Juin commence par une Fête, lors qu’aussi il clôture
Le Printemps qui fut tel un florissant soupir.

En ce Sacré-cœur, l’homme sincère jamais n’oublie
Que l’heure cruciale est un Souvenir intouchable.
De La Solitude vécue, je bois aujourd’hui

Ce qui durablement me semblait improbable.
Je quitte ce monde, au vol des oiseaux insouciants.
Chaque jour est un pas vers la tombe qui nous attend.