Peinture de Sulamith Wülfing (1901-1989)
Reconnaître n’est pas toujours une évidence pour tous, car tout dépend de la lucarne interne qui s’ouvre en nous. Mon ami Géllisien m’apprit à reconnaître ce qui n’était pas re-connu. Là où il me mena m’en donna le temps. Apprendre vient d’une disposition particulière. Enfin, c’est ce qu’il me fit comprendre. C’est pourquoi, lui qui appartenait au dernier pont, pouvait me faire franchir tous ceux qui le précédaient. Au début, je ne vis pas les ponts en tant que pont. Tout cela me semblait être pareil à une incroyable nébuleuse. Mais Aryani, telle était son appellation, me tenait la main. Il ne desserra jamais son lien, même quand il disparaissait de mon champ de vision. Je ne comprenais pas ces aléas et parfois j’en éprouvais une angoisse inextinguible. Pour me rassurer, il me laissait entrapercevoir sa magnifique robe pourpre. Il se manifesta sous différents aspects durant tout le Périple qui dura des milliards d’années selon notre mesure. Il ne me fit pas voyager sur ces ponts comme nous voyageons ici, dans notre monde. Il ne s’agissait certainement pas d’un voyage ordinaire, c’est-à-dire linéaire. Les séquences et les étapes correspondaient toujours à un enseignement particulier, mais il me fallut beaucoup de temps, je le reconnais volontiers, pour voir apparaître entre mes mains cette cordée invisible qui replaçait chaque chose à sa place. Aryani m’emmenait souvent sur un pont intermédiaire, un pont neutre comme il me le disait. Il me fallut apprivoiser le souffle. Savez-vous qu’il existe bel et bien un lieu d’où vient le souffle ? Bien sûr, on ne se pose que très rarement ces questions. Et quand nous nous les posons, nous ne parvenons, le plus souvent, qu’à obtenir une ou deux réponses dans l’immensité infinie des possibilités. Aryani fut ma première énigme. Pourquoi l’avais-je donc rencontré et pourquoi étais-je à vivre une telle aventure ?
© Voyage au bout du Monde, Océan sans rivage.
Une belle suite d’un voyage loin d’être ordinaire et qui nous laisse
sur un questionnement… » Oui, pourquoi ce voyage ? »….
Merci et bonne soirée Naïla…
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