Le couloir Matriciel

Tout est parfait. Quand même la cruauté côtoie le merveilleux. Tout est exactement comme le tableau le plus extraordinaire, mouvant, incessant, caressé par le vent, buriné par le sable. Dans les plus grandes épreuves, nous sommes traversés par ces faisceaux de lumière. Nous levons la tête en notre intériorité et nous fermons les yeux au plus fort de notre silence. L’hébétude est aussi une rencontre. Au commencement, le parchemin est lisse et transparent. Plus nous prenons du recul et plus nous parvenons, par la cueillette régulière des rayons du soleil, telle une plante qui s’en nourrit, à nous laisser partir, non pas avec apathie, mais plutôt avec la chaleur du foyer que l’on nous a appris à entretenir, durant toute la vie. Nous n’avons jamais considéré la vie séparée d’elle-même parce que la vie ne sépare pas. Bien au contraire, elle nous apprend et nous protège contre nous-mêmes, contre nos manquements. Il ne s’agit pas non plus de condamner, mais de regarder. Voir, c’est entendre. Chacun, nous avons nos entretiens intimes avec cette vie, celle qui est apparue en nous, efflorescente en son unité, enseignante en sa multiplicité. Nous ne défendons ni ne condamnons. La vie est beaucoup plus vaste qu’un parti-pris. La vie est un déploiement exponentiel d’états d’être. Dans l’Absolu, nous ne saurions condamner, et comment condamner, alors que nous y sommes ? Nous sommes dedans. Nous avons obéi à notre nature primordiale, et nous avons écouté le Silence. Il faut savoir que Celui-ci est beaucoup plus éprouvant que tout. Le Silence possède un Verbe étonnamment puissant, étonnamment éloquent que l’on ne saurait ignorer. Il est agissant en L’Ouïe interne comme vous ne pouvez l’imaginer ou même le concevoir, si vous ne l’avez pas vécu. Il nous attrape de l’intérieur et nous engage presque fermement à suivre L’Echo qu’Il suscite en nous. La vie ne se sépare jamais de vous, et de fait, chacun des membres de ce monde est un même corps. Quand nous parvenons à L’Être, alors, nous le savons. Nous voyons Son Entièreté et nous demeurons hébétés. Nous savons aussi que nous avons toujours été ainsi. Le couloir de vie est Matriciel, et nous devons le traverser tel un passage avec toute l’attention qu’il nous est permis de vivre. Je dirai que La Lenteur est l’apothéose des perceptions. C’est ici, sans séparation, que nous percevons. De fait, le couloir est Vie, et nous sommes Vie. Ecoutez-la. Elle n’est ni sourde, ni muette, ni absente, ni invisible. Elle est Signes.

2 réflexions sur “Le couloir Matriciel

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