Le lieu n’est pas un lieu et le temps n’est pas un temps
J’aime que tout disparaisse en l’horizon de nos mots pétris de chair ; c’est là que surgit l’aube de nos retrouvailles, et l’on ne cesse de rire d’avoir bu en la nuit de nos souvenirs. Combien de ces flots qui ravivent notre insouciance, ou bien sont-ce nos pas méticuleux, ourlets de boue du chemin ? Il n’y a plus aucun espace pour ce monde, décor infini du rivage flottant et nous aimons cette intemporalité que nous nourrissons de la présence. Nous visitons en cet instant chaque recoin du monde, depuis le vol des passereaux, légèreté des conquêtes intérieures, et quelle est donc cette grâce immuable qui nous tient en sa chair mémorable ? Les vents fleurissent du souffle, et ne sont pas nos ennemis, mais annonciateurs des jours qui ouvrent sur l’assagissement des eaux salées devenues eau douce. Elle a le goût de lumière, et elle est fluide des transparences du royaume volubile que nomme un homme qui marche. Nous avons appris à cultiver chaque ère, chaque élément, et l’Amour est une force, au-delà du Mystère, car en Lui se déploient les beautés de La Reliance. Serions-nous provocateurs ? Sans doute, il est une sorte de sourire qui plane toujours ici ou là-bas et nous laissons couler l’eau vive et n’avons peur d’aucun trépas. Glorieuse Gloire de l’enfant au neuf années sonnantes qui par son serment de cycle en cycle raconte l’épopée d’un long voyage, en ce couloir de vie, en ce couloir d’espoir. Nous avons traversé un pont et nous avons regardé ceux que nous n’oublions jamais. Le cœur apprend l’humanité et s’extraie des humeurs. A toutes les Voies, il est un passage, et ainsi s’est ouverte la fenêtre. Mais l’humanité n’est pas ce que l’on croit. Il faut du temps pour devenir un homme. Il faut du temps pour devenir petit. Il existe un éloge et puis un autre et chacun nous ravit. Nous donnons très peu, mais nous tissons inlassable pour défaire les liens d’avec l’ancien monde et nous œuvrons ici ou là, sans condition. Des couleurs, il en est de celle que l’on masque des incolores et insonores. Vous ai-je nommé l’influence magistrale de l’âme qui s’en revient ? Je puis vous dire que rien ni personne ne peut la retenir. Quand la flèche est partie, la cible n’a jamais été une distance.
Océan sans rivage© L’Été rouge, conte des nuits du Silence